Sorcellerie...
La sorcellerie est un terme controversé et son histoire est complexe. Selon le contexte et le milieu culturel dans lequel ce mot est employé, il désigne des idées différentes, voire opposées. Chaque société possède ses propres conceptions en matière de magie, de religion, de rites et d'esprits bons ou mauvais ; il est parfois impossible de trouver un équivalent d’une culture à l’autre.
Le terme sorcellerie désigne souvent la pratique de la magie. Selon les cultures, la sorcellerie peut être considérée avec des degrés variables de soupçon voire d'hostilité, parfois avec ambivalence, n'étant intrinsèquement ni bonne ni mauvaise. Certaines doctrines religieuses considèrent toute forme de magie comme de la sorcellerie, la proscrivent ou la place au rang de la superstition. Elles opposent le caractère sacré de leurs propres rituels aux pratiques de la sorcellerie.
Le terme sorcellerie est également employé de façon péjorative en référence à la pratique de la magie. Dans une culture qui admet son utilisation, la notion de sorcier/sorcière s’oppose au titre qui désigne le pratiquant d’une magie légitime. La sorcellerie est alors, dans cette acception, l'accusation portée à l'encontre de ceux qui utilisent des moyens surnaturels pour un usage réprouvé par la société. Les croyances en ce type de praticiens de la magie se rencontrent dans la plupart des sociétés humaines. De telles accusations ont parfois mené à des chasses aux sorcières.
Pour les religions monothéistes occidentales (principalement le judaïsme, le christianisme et l’islam), la sorcellerie est considérée comme une hérésie. La notion de sorcellerie prit une grande importance pour les catholiques et les protestants à la fin du Moyen- Âge. À cette époque la sorcellerie a progressivement été assimilée à une forme de culte du Diable. Des accusations de sorcellerie ont alors été fréquemment combinées à d'autres charges d'hérésie contre des groupes tels que les Cathares et les Vaudois.
Deux origines possibles sont retenues concerant le mot sorcellerie. Certains affirment qu'il dérive de sourcier et d'autres affirment qu'il dérive du mot sort, maléfice lancé par un "jeteur de sorts".
Selon l'acception générale et populaire du terme, le sorcier est un jeteur de sort, recourant à la la magie noire. Il peut être "spécialiste" d'un domaine, telle la communication avec les esprits, généralement de défunts (on parle alors plus volontiers de mage ou de voyant), ou l'animation d'êtres morts (nécromancie).
Du point de vue anthropologique, le mot sorcier peut recouvrir différentes fonctions comme chaman ou homme-médecine.
C'est aussi un personnage maléfique présent dans les contes et les légendes. Il figure désormais dans l'univers du jeu de rôles, dans l'univers de Terry Pratchett et autres, plus enfantins tel Harry Potter.
La sorcière dans l'imagerie populaire européenne. Nez crochu, volant sur son balai pendant la pleine lune.
Volant dans les airs à califourchon sur son manche à balai, ainsi est représentée la sorcière dans l'icônographie populaire. Antithèse de la fée, elle a les mêmes fonctions que le sorcier, tant en anthropologie que dans les contes et légendes.
Du grec stryx, en latin striges d'ou dérive le vocable médiéval stria, strega en italien. En français le mot sorcière dérive de source, déformation de sourcier(e) et prestement assimilé à sort et à ceux ou celles qui en jettent. Le mot qui les désigne en allemand est Hexe dérivé du grec ancien aix, chèvre, évidente référence à un monde pastoral. Bruja, en espagnol provient du terme ibère bruixa, et plus précisément du galicien bruxa. Le mot anglais witch a des origines plus contreversées mais paraît bien provenir d'un radical wik d'origine tant celte que germanique.
Une sorcière est une femme chaman. Le chamanisme a été la religion de la préhistoire. Dès la fin du paléolithique, celle-ci est attestée et l’on retrouve les traces de ses rituels sur les parois des cavernes. Les premières traces que l’on en a évoquent les rites initiatiques propres aux sociétés nomades des chasseurs-cueilleurs, liés au culte de leur divinité, le Dieu cornu. S'il s’agit là de cérémonies propres aux hommes, rien ne permet d’exclure que des femmes y aient participé.
De la fécondité de la femme dépend la continuation de l’espèce, la femme est obstétricienne depuis que le monde est monde. La « sage-femme », la « guérisseuse », celle qui donne la vie et qui connaît les secrets de la vie et de la mort ainsi que l’effet des plantes sur le bien-être physique, la santé, est à l’origine de ce personnage qu'est « la sorcière ». De fait, durant les deux siècles que dureront les persécutions, c’est souvent le terme d’« herboriste » qui est utilisé dans les procès-verbaux de l’Inquisition pour la désigner.
Les cultes de ces antiques Déesses-Mères légués par la préhistoire se retrouvent en Grèce à Éleusis. Il subsiste l’originelle proximité et l’empathie avec la Nature dans le culte agraire qui est rendu aux deux déesses Déméter et Perséphone sur lequel vient se greffer l’élément orphique, et son contraire le culte dionysiaque, plus archaïque encore, où le sacrifice du dieu, androgyne à l’origine, est rituellement et cycliquement perpétré, et symboliquement dévoré à nouveau par les Ménades, marquant la régression, en somme, du « cuit » au « cru ». Autant de caractéristiques qui survivront, diluées, amalgamées dans le Culte de Diane de l’antiquité tardive et durant tout le Moyen-âge où viendront se greffer de nouveaux éléments provenant du folklore local des divers pays d’europe.
Egérie, Circé, Médée surtout en sont autant de prototypes, et ne sont pas très différentes de la Lilith biblique, la Lilitu des assyriens. L’image de la sorcière vieille et méchante naît du stéréotype grec, société misogyne s’il en fut puisqu’aux femmes tout fut nié, jusqu’au plaisir, leur rôle se limitant à la procréation. Enfermées dans le gynécée dont le harem du Moyen-Orient reprendra bien des caractéristiques, celle que l’homme fréquente pour le plaisir, en est une spécialiste, une professionnelle, l’hétaïre, prostituée généralement formée dans les sanctuaires d’Aphrodite qui prévoient l’exercice de la prostitution sacrée .
Quelque chose nous laisse penser que le prototype les noircit jusqu’à la caricature : elles ne devaient être ni si vieilles ni si laides si l’une retient Ulysse et l’autre séduit Jason. Et, si la folie destructrice s’empare de Médée, elle témoigne surtout d’une condition féminine où, si elle n’est ni épouse ni hétaïre, la femme n’a plus aucuns droits, plus aucune modalité d’exister sinon celle de devenir entièrement négative, ravageant ce qui l’entoure, jusqu’à en arriver à l’élimination des enfants qu’elle a eu de l’homme qui l’abandonne après lui avoir pris sa vie et s’en être servi pour satisfaire son ambition. Médée se venge du joug que l’homme lui impose, et qui est celui d’une société désormais patriarcale.
La création de tels stéréotypes, plus qu’une réelle méchanceté et un réel danger, semble bien davantage le reflet de la peur des hommes et de leur inquiétude à l’idée que la stabilité de l’ordre établi, celui du patriarcat, puisse être ébranlé dans ses fondements.
Volant dans les airs à califourchon sur son manche à balai, ainsi est représentée la sorcière dans l'iconographie populaire, « image d'Épinal », recouvrant une réalité historique complexe, faite de savoir chamanique et de persécutions. Croyances anciennes dans lesquelles survivent les cultes païens de la fertilité du monde antique, qu'on peut faire remonter sans aucuns doutes à la fin du paléolithique.
Historiens et chercheurs estiment aujourd'hui le nombre de leurs victimes entre 50 et 100 000 sur les deux siècles où tant les tribunaux de l'Inquisition que ceux de la Réforme les conduisent au bûcher. Un chifre élevé en proportion de la population européenne de l'époque. Et ce sont, pour 80% de ces victimes, exclusivement des femmes. Les 20% restants étaient des hommes relevant pour la plupart de la catégorie des « errants ». Pauvres hères et vagabonds, « gens du voyage », juifs ou homosexuels.
Plusieurs pratiques magiques sont assimilées à la sorcellerie, de telle sorte que les personnes qui les utilisent ont été considérées comme des sorciers par les occidentaux, indépendamment de la culture dans laquelle ces pratiques sont en usage. Une des pratiques les plus connues consiste à fabriquer une poupée en argile, en cire ou en chiffons à l'effigie de personnes réelles et les actions qui sont effectuées sur ces poupées sont sensées être transférées aux sujets qu'elles représentent ('poupée vaudou' dans le vocabulaire courant, dénommée dagyde en occultisme).
La nécromancie, consistant à demander à l'âme d'un mort de révéler l'avenir, est également considérée comme une pratique typique de la sorcellerie. La sorcière biblique d'Endor est sensée l'avoir pratiquée en faisant apparaître le spectre de Samuel (ou du diable métamorphosé en Samuel) à Saül. Les croyances traditionnelles et populaires attribuent divers types de pouvoirs (acquis par contrat démoniaque dans la tradition chrétienne et monothéiste plus généralement) ont été prêtés aux sorciers: voler dans les airs, tourmenter l'esprit de leurs victimes. Le lutin, dans l'univers des contes, peuvent leur servir d'auxilaire. Certaines pratiques considérés subversives ou abusives et parfois criminelles tombent sous le coup de la loi.
Si l'on remarque par ailleurs le fait qu'à la même époque deux corps de métiers vont jouer un plus grand rôle économique, ceux des médecins et des clercs, on comprend que les femmes, qui jouissaient d'une liberté plus grande qu'on ne pouvait le croire quant à l'exercice d'un métier jusqu'à la fin du Moyen Âge, puissent avoir été visées par la menace d'éventuelles persécutions, les convainquant de se retirer dans leur foyer et de renoncer à toute activité en dehors de celui-ci.
Si le terme « génocide » n'est apparement pas le plus approprié, de nombreux féministes définissent aujourd'hui cette traque à la sorcière comme un crime contre l'humanité, certaines, comme par exemple sur le site Sisyphe, précisant que c'est un gynécide. Un manuel rédigé par deux Dominicains fut publié au XVI° siècle pour établir les critères permettant de le perpétrer, le Malleus Maleficarum ou Marteau des sorcières. Celui-ci n'a jamais été désavoué, de même que jamais jusqu'à ce jour ce crime n'a été officiellement reconnu comme tel par les autorités religieuses qui l'ont commis.
Parmi certains mouvements occultes contemporains, la sorcellerie est particulièrement différenciée de la magie populaire, religieuse ou cérémoniale. Les sorcières autoproclammées de nos jours (parmi les membres de la Wicca) sont connues pour utiliser le terme de sorcellerie en lieu et place de la magie populaire.
Dans les premiers temps du christianisme en Europe, la population, habituée à l'usage de la magie dans la vie quotidienne, attendait du clergé une forme supérieure de magie par rapport à l'ancienne magie païenne. Alors que la chrétienté concurrençait le paganisme, ce problème était d'une importance cruciale pour le clergé, qui peu à peu substitua aux pratiques ancestrales le culte des reliques des saints et du Christ,reprenant ainsi l'usage populaire d'amulettes et de talismans.
La vision européenne traditionnelle de la sorcellerie veut généralement que le sorcier, tel Faust signe un pacte avec le diable, par lequel il lui vend som âme en échange de pouvoirs surnaturels. Les sorciers et sorcières furent accusés de renier Jésus et les sacrements, de se rendre au sabbat - assemblée nocturne où ils étaient supposés exécuter des rites diaboliques, parodies de messes ou d'offices de l'église, d'y vénérer le "prince des ténèbres", afin d'obtenir un certain pouvoir.
Ces femmes (et quelques fois leurs enfants, surtout s'il s'agissait de filles), appartenaient le plus souvent aux classes populaires. Une toute petite minorité d'entre elles pouvait être considérée comme étant d'authentiques criminelles (ce fut le cas de la Voisin, sous Louis XIV, par exemple) coupables d'homicide, ou de malades mentales. La grande majorité était au contraire de tous âges et de toutes conditions, et de diverses confessions religieuses, souvent sages-femmes ou guérisseuses. Leurs remèdes se basaient sur une pharmacopée traditionnelle, breuvages, infusions ou décoctions de racines et d'herbes, les « simples ». La population, essentiellement rurale, n'avait guère d'autre recours pour se soigner. Toutes torturées, et brûlées vives, parce que jeunes, parce que vieilles, parce que femmes, le plus grand des péchés qui leur était reproché par les autorités du temps.
Si, durant le Moyen Âge, les persécutions sont surtout dirigées contre les hérétiques (Cathares, Vaudois ou Albigeois), c'est, curieusement, à partir des Temps modernes, après la découverte des Amériques, au moment où commence à poindre l'Humanisme et où l'imprimerie fait son apparition, que commence cette persécution que d'aucuns et particulièrement les féministes ont qualifiée de sexiste (probablement la seule de l'histoire), que d'autres ont appelée génocide. Il faut noter que les estimations du nombre des victimes des historiens d'aujourd'hui ne prennent en compte que les personnes décédées durant les séances de torture ou sur les bûchers et non celles qui sont mortes des suites de la torture, consentie et même explicitement demandée dans plusieurs Bulles papales par, et qui pourraient avoir été plusieurs centaines de milliers. C'est, en quelque sorte, quand le monde de l'époque se globalise, dirait-on aujourd'hui, que le phénomène prend de l'ampleur. Il semble que la peur que cette globalisation suscite ne puisse être l'unique raison qui pousse à diaboliser un sexe et à l'utiliser comme bouc émissaire.
Suivant l'universitaire Max Dashu, de nombreux éléments de la figure de la sorcière médiévale trouvent leur source avant l'émergence du christianisme. Ceux-ci peuvent être trouvés dans les bacchanales, notamment du temps où ces pratiques étaient menées par la prêtresse Paculla Annia (de 188 av J.-C. jusqu'en 186 av J.-C.).
L'exemple de l'Angleterre
En Angleterre, l’exercice de la "magie curative" revenait au guérisseur (witch doctor), aussi connu sous les termes de White Witch (Sorcier Blanc), Cunning Man (le Rusé) ou encore Wise Woman (la Sage Femme). Le terme de "guérisseur" était déjà utilisé en Angleterre avant d’être directement associé au continent Africain. Le guérisseur crapuleux (Toad doctor) était crédité du pouvoir de neutraliser l’action des guérisseurs (D’autres magiciens populaires avaient leurs propres compétences ; le Girdle-measurer était ainsi spécialiste pour déceler les maux lancés par les fées, tandis que le Charmeur (charmers) pouvaient guérir de problèmes plus communs, tels que les brûlures ou les rages de dent.
"Dans le nord de l’Angleterre, les superstitions se sont enracinées dans les mœurs avec une force incroyable. Le Lancashire est plein de guérisseurs, toute une ribambelle de charlatans qui prétend soigner des maladies et des maux lancés par le Malin…Il se font appeler cunning men ; ils sont fort influents dans les comtés de Lincoln et de Nottingham".
Ces "Rusés" ne se prétendaient que rarement sorciers, et rejetaient ce genre d’accusation. Certains écrits datant du Moyen Âge, pourtant, suggèrent que les différences entre les sorciers et les guérisseurs, à propos de ces "praticiens", n’étaient pas très claires aux yeux de la population. Ainsi, il apparaît qu’une partie de la population entendait également contacter les sorciers pour des requêtes de guérison comme de divination, bien que ces derniers étaient surtout reconnus pour être consultés par les gens désireux de faire maudire leurs ennemis. De fait, la majeure distinction était que les sorciers étaient bien plus souvent dénoncés aux autorités que les guérisseurs ; lorsque ces derniers étaient poursuivis, c’était généralement pour avoir soustrait de l'argent à leurs clients .
Les femmes des classes privilégiées échappèrent aux persécutions, même si le scandale éclaboussa parfois la Cour, comme ce fut le cas lors de l'affaire des poisons, et Catherine de Médicis n'hésita pas à en utiliser pour éliminer quelques personnages politiquement gênants de son entourage.
Les « chasses aux sorcières » connaissent deux vagues: La première de 1480 à 1520 environ, puis de 1560 à 1650. Mais dès les années 1400-1450, le portrait de ce qui deviendra une « image d'Epinal » par la suite se dessine, et les dernières persécutions se terminent vers la fin du XVII° siècle. Les dernières sont brulées l'une dans la Suisse Protestante en 1782, et l'autre dans la Pologne Catholique en 1793, au XVIII° siècle donc.
Le premier à réhabiliter les sorcières fut Michelet qui leur consacra un livre en 1862. Il voulut ce livre comme un « hymne à la femme, bienfaisante et victime ». Mais il ne leur reconnaît pas véritablement le droit à l'émancipation. Il faut attendre les mouvements féministes des années 70 pour voir apparaître le thème sous un jour positif. Les représentantes de ces mouvements s'en sont emparé et l'ont revendiqué comme symbole de leur combat. On notera par exemple la revue Sorcières de Xavière Gauthier, qui étudiait les « pratiques subversives des femmes ».
Une des conséquences de cet amalgame entre les différents praticiens de la magie de l’époque est la confusion actuelle à propos de ce qu’ont réellement été les sorciers, en Angleterre ; Visaient-ils à blesser ou soigner leurs contemporains ? Quel rôle (éventuellement) tenaient-ils dans leur communauté ? Ces sorciers/guérisseurs peuvent-ils être assimilés aux sorciers et sorcières dont on trouve les traces dans les autres cultures ? Ou même, leur rôle et leur présence n’est-il pas tout simplement né de l’imaginaire des gens ? Dans les certitudes occidentales contemporaines, peu de différences se discernent ainsi entre guérisseurs, charmeurs, cunning men et wise women, astrologues et devins; ils se retrouvent tous, plus ou moins, affublés des attributs du/de la sorcier(e).
Les sorciers et sorcières européens furent généralement supposés empoisonnner les puits, les sources, le bétail et la nourriture, ou de la rendre immangeable, voler dans les airs à l’aide d’un balai, jeter des sorts maléfiques et répandre la peur et le chaos dans les communautés locales.
Depuis le milieu du XX e siècle, la sorcellerie s'est développée en intégrant une dimension religieuse, se revendiquant du néo-paganisme.
Si cette forme de religiosité païenne panthéiste apparaissait auparavant, dans les cultes de la nature, elle a pris une dimension nouvelle après les travaux de Margaret Murray, égyptologue anglaise du XX e siècle, qui a écrit sur la possible existence d'une religion païenne prenant sa source en des temps reculés et ayant survécu jusqu'à nos jours, et dont les sorcières regroupées en covens auraient de tout temps été les dépositaires.
Si cette hypothèse n'a pas été prouvée, elle a eu une influence sur ses contemporains et a favorisé la mise en place d'une religion néo-païenne basée sur la sorcellerie : la Wicca, dont Gérald Gardner est le promoteur. La Wicca est surtout représentée aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. Il n'existe pas encore de statistiques officielles sur le nombre de Wiccans dans le monde.
De nos jours, certaines superstitions anciennes n'ont plus cours dans le monde moderne. Pourtant, depuis les années 1940 avec l’émergence de la Wicca, religion se réclamant de la sorcellerie, considérée et souvent appelée l'"Ancienne religion", un nombre croissant de personnes s'est autoproclamé sorcier(e). Alors que la perception occidentale de la sorcellerie reste très négative, les Wiccans n’y attachent pas de sens particulier, et n’assimilent pas non plus leurs pratiques au satanisme. En fait, la plupart des Wiccans souhaitent simplement que leurs contemporains cessent d’assimiler la sorcellerie à des pratiques maléfiques, confinant le terme à une connotation négative.
Le terme de sorcellerie est communément appliqué aux pratiques visant à influencer le corps ou l'esprit d'une personne, prtiques souvent jugées subversives et mettant en péril l'ordre social ou religieux.
Certains, comme les néo-païens, considèrent la nature maléfique de la sorcellerie comme étant une projection chrétienne. Cependant, le concept de "praticien de la magie" influençant le corps ou l'esprit d'une autre personne contre sa volonté, était présent au sein de nombreuses cultures avant même l'introduction du monothéisme. En effet des traditions de "magie blanche" ou religieuses avaient pour but d'identifier ou de contrer ces praticiens. Beaucoup d'exemples de ce type peuvent être trouvés dans les textes anciens provenant d'Égypte et de Babylone. Dans les cultures où l'on croit que le sorcier a le pouvoir d'influencer le corps ou l'esprit d'autrui, il apparait une cause crédible de maladie (chez l'homme ou l'animal), de malchance, de mort soudaine, d'impuissance ou maux divers dont l'origine parait inexplicable. Une magie folklorique bénigne et socialement plus acceptable peut être alors utilisée pour remédier au sortilège, ou identifier le sorcier à l'origine du sort jeté pour s'en défendre ou en défaire l'enchantement.
En 1968, un groupe politique radical composé de femmes s’est fait connaitre dans la ville de New York sous le nom de W.I.T.C.H. , pour « Women’s International Terrorist Conspiracy From Hell » (la ‘conspiration internationale terroriste des femmes venues de l’enfer’). Ce groupe éphémère n’a pas eu d’impact particulier sur le développement de la sorcellerie, mais a marqué les esprits grâce à sa dénomination originale.
Le tout dernier symbole des sorcières est bien sur Halloween, le 31 octobre, bien que les Wiccans lui préférent Samhain, qui a lieu le 1 novembre. Ce n’est pas une coïncidence si les deux fêtes on souvent tendances a être associées; l’association des sorcières à Halloween pourrait provenir d’une tentative de dénigrement, de la part de l’Église, de cette ancienne fête celtique célébrant la dernière récolte.
Poussé par l’alliance de la consommation au marketing, en recherche perpétuelle d’idées, de modes à lancer, le phénomène des sorcières s’est une nouvelle fois répandu, durant les dernières décennies, mais cette fois comme icônes plus ou moins sympathiques d’une culture populaire globalisée. Les films comme The Craft, Practical Magic et Le projet Blair Witch 2 (la suite de Le projet Blair Witch) ainsi que les séries télévisées Bewitched, Buffy the Vampire Slayer, Charmed, Sabrina the Teenage Witch, et parfois X-Files ont porté à l’écran et popularisé des enfants et jeunes sorcier(e)s. Tous ces stéréotypes ‘grand public’ n’ont cependant que peu de liens avec le mouvement de la Wicca ni avec la perception Chrétienne de la sorcellerie. La plupart de ces sorcières du petit et grand écran sont, de nos jours, des jeunes femmes attrayantes dotées de pouvoirs surnaturels.
Une œuvre littéraire décrivant bien, de par sa puissance évocatrice et poétique, l'univers magique de la sorcellerie moderne dans le monde occidental contemporain, en reprenant la légende de Faust, est "Le Maître et Marguerite" de Mikhaïl Boulgakov.
Le psychanalyste Carl Gustav Jung a proposé le concept d'archétypes dans l'inconscient humain, figures ancestrales de l'inconscient collectif, qui émergent notamment au contacts de personnes ayant un profil psychique particulier; la figure du sorcier, ou du génie malfaisant, est complémentaire du professeur/génie bienfaisant, et met en lumière non pas la personnalité propre de l'individu identifié, mais celle du sujet en proie aux figures archétypales de son inconscient, invoquées par le biais de rituels.
Le mode de connaissance magique, en concurrence avec la pensée véhiculée par les religions monothéistes en Occident, a été par elles largement dévalorisée. Ainsi Hegel, qui ne voyait dans ce type de rapport au monde qu'un ensemble de superstitions. L'anthropologue Claude Lévi-Strauss a mis en lumière la richesse et la finesse des sociétés dont la culture est essentiellement magico-religieuse, par exemple dans leurs connaissances en botanique, et leur connaissance du vivant en général.
Dans les années 1960, Carlos Castaneda, étudiant en anthropologie dans une université Californienne, partit étudier les plantes médicinales au Mexique. Son expérience, relatée dans de nombreux ouvrages, est un témoignage sur la confrontation entre ces deux modes de pensée, celle, analytique, de l'Occident et ses corpus universitaires, et celle, discursive, d'un type de pensée magique. Échappant par définition aux taxonomies occidentales, cette pensée implique une participation active, voire ascétique, de l'initié, qui ne donne ses fruits qu'après de longues années.
Pierre Verger parti s'initier au Brésil, à Bahia, aux rites d'origine yoruba du candomble, poursuivit par des voyages en Afrique cette expérience initiatique. Ce type d'initiation a été perçu comme une "renaissance" par Verger ainsi que par d'autres occidentaux, initiés par la suite aux rites chamaniques et magiques de ces cultures, souvent caractérisées par l'absence de culture écrite, et résistant aux concepts occidentaux de "civilisation".
On peut ainsi conjecturer que la connotation négative du mot "sorcier" prend ses racines dans une défiguration archétypale - caricaturale - d'un mode de pensée et d'action différent de la doxa officielle. L'arbitraire des "chasses aux sorcières" en est une illustration éclairante.
Comme le montrent certains textes antiques, la sorcellerie a joué un rôle aussi bien dans l’Égypte ancienne qu'en mésopotamie, comme à Babylone. Cet extrait du Code d'Hammourabi (environ 2000 Avant J.-C.) : "si un homme en accuse un autre de sorcellerie, sans justification, celui qui est accusé doit aller à la Rivière Sainte ; Il doit plonger dedans, et si la Rivière Sainte le vainc, l’accusateur pourra prendre la maison du sorcier pour sienne" en témoigne.
La sorcellerie dans le Tanakh (Bible hébraïque, Ancien Testament)
Dans la Bible, les références à la sorcellerie sont nombreuses ; les fermes condamnation de la pratique n’y sont pas tant basées sur la suspiscion de supercherie, mais bien sur la notion que la magie en elle-même est une pratique abominable. (cf. Deutéronome 18:10–11 « Qu'on ne trouve chez toi personne (...) qui exerce le métier de devin, d'astrologue, d'augure, de magicien, d'enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts.», Exode 22:18, «Tu ne laisseras point vivre la magicienne.»).
Le récit de Saul rendant visite au sorcier de En Dor (I Samuel 28) nous montre qu’il croit fermement en l’évocation, par le sorcier, de l’ombre de Samuel. Enfin, d’après le Lévitique 20:27, « Si un homme ou une femme ont en eux l'esprit d'un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort ; on les lapidera : leur sang retombera sur eux. »
L’interdiction de la sorcellerie dans le Nouveau Testament semble similaire (Épître aux Galates 5:20, comparé à Apocalypse 21:8, 22:15 et Actes des Apôtres 8:9, 13:6).
À supposer que la croyance en la sorcellerie relevait de la superstition populaire, il est étrange de ne rien trouver suggérant que l’aspect maléfique de ces pratiques ne reposait que sur le fait de prétendre être en possession de pouvoirs qui n’existent pas.
Quelques interrogations s’élèvent de nos jours, quand à savoir si le mot pharmakeia, utilisé dans l'Épître aux Galates, trouve une traduction juste avec le terme « sorcellerie ». En effet, ce terme était communément utilisé pour parler de l'usage maléfique de drogues comme les poisons, les contraceptifs ou les substances permettant d'interrompre les grossesses.
Les juifs ont souvent été perçus comme sorciers dans l'Europe du Moyen-âge, et persécutés à ce titre durant les siècles de chasse aux sorcières. Mais la grande majorité d'entre eux, perçoivent la pratique de la sorcellerie comme une forme d'idolâtrie, et donc une offense au Judaïsme et à son Dieu unique.
Il est cependant à noter qu’un petit groupe de juifs orthodoxes, qui étudient la Kabbale, croit en la magie. Dans la pratique, les rituels sont très différents de la sorcellerie « traditionnelle », mais le fondement (utiliser des forces surnaturelles pour influer sur le monde physique) reste identique. Depuis les Lumières, la plupart des juifs ont cessé de croire en la Kabbale, et considèrent ces pratiques comme ridicules.
Certains néo-païens pratiquent une forme de magie, syncrétisme du mysticisme juif classique et de sorcellerie moderne. Une référence notable de ce sujet est le livre d'Ellen Cannon Reed : « The Witches Qabala: The Pagan Pat hand the Tree of Life ». Ce livre ainsi que le Zohar ont été une source d'inspiration pour plusieurs sectes comme par exemple le centre de la Kabbale
Les contes des mille et une nuits, avec leurs "djinns" (génies), se transformant en colonne de fumée rentrant ou sortant d'une fiole, leurs "tapis volant" et leurs îles enchantées, foisonnent de mages et de magiciennes et reflètent l'univers magique de l'orient. Ils reflètent également un monde pré-islamique, les djinns étant sans conteste une réminiscence des esprits des religions polythéistes antérieures.
Aujourd'hui, nombre de croyances populaires attribuent un grand pouvoir aux marabouts.
Le continent africain recueille un large éventail de religions traditionnelles. Les Africains chrétiens reconnaissent généralement le dogme chrétien, tout comme leurs frères asiatiques et latino-américains. Le terme de guérisseur, souvent proposé pour traduire inyanga, a été mal interprété, et est devenu « celui qui soigne en ayant recours à la magie », loin de son sens originel de « celui qui diagnostique et soigne les maux causés par la magie ».
Les combinaisons de croyances et pratiques de l’Église catholique romaine et des traditions, croyances et pratiques religieuses ouest-africaines ont directement contribué à l’émergence du syncrétisme religieux que l’on remarque en Amérique latine, avec des pratiques, entre autres, comme le Vaudou, l’Obeah, le Candomblé ou la Santeria.
Dans les traditions sud-africaines, il y a trois différents types de personne qui pratiquent la magie. La thakatha est habituellement traduit comme la « sorcière », et est considérée comme un personnage malveillant qui pratique secrètement afin de nuire à autrui. Le sangoma est un devin, parfois un diseur de bonne aventure, dont les services sont requis pour détecter la maladie, prédire le futur, voire identifier le coupable d’un méfait. Il a également quelques notions de médecine. Enfin, le inyanga est souvent traduit par le terme guérisseur (bien que de nombreux Sud-Africains remettent en cause cette traduction, puisqu’elle perpétue l'idée erronée d’un guérisseur recourant à la magie). La tache du inyanga est de conjurer le mauvais sort et defournir à ses clients les gris-gris nécessaires. Parmi ces trois personnages, la thakatha est presque toujours femme, le sangoma est habituellement une femme, tandis que le inyanga est presque toujours un homme.
Chamanisme ou shamanisme (shaman, du toungouse : celui qui est bouleversé, transporté). Système de pratiques magiques répandu surtout dans les sociétés traditionnelles sibériennes, dont elles constituent la religion exclusive. On observe des pratiques analogues chez de nombreux peuples, à commencer par les Mongoloïdes, qui seraient tous orginaires de Sibérie. Un exemple bien connu de chamanisme est la religion des Indiens d'Amérique du Nord. Il est toujours vivant dans la société, pourtant moderne, de la Corée. Le chamanisme est la spiritualité la plus ancienne connue. Des paléontologues considèrent que certaines peintures pariétales de l'Europe (transformations d'hommes en animaux), représenteraient des scènes chamaniques.
Le Chamane (ou Chaman) est la personne qui, dans les sociétés traditionnelles, peut se mettre en rapport avec ce que l'on appelle, en Europe, l'Au-delà. Pour ce faire, il a la possibilité de quitter son corps. En Sibérie, comme il peut communiquer avec avec les esprits des animaux, dans la «surnature», et conclure un pacte avec eux, il ramène du gibier aux gens de sa tribu. Il se consacre généralement à la guérison des maladies et exerce souvent des fonctions sacerdotales. On considère parfois que le Chaman se met aussi en rapport avec l'au-delà par le moyen de songes, de visions ou de pratiques médiumniques (possession par les esprits). Il ne faudrait cependant abuser du terme de «Chaman»: le médium qui invite un esprit à entrer dans son corps fait exactement le contraire du vrai Chaman sibérien, qui abandonne son corps.
Dans les religions de ce type, la vision du monde conçoit en général différents plans de réalité. Par exemple, elle pourra dissocier le plan phénoménal (la réalité concrète que nous percevons tous) de la réalité non phénoménale (le monde des esprits). Ce monde non phénoménal est souvent perçu comme étant une échelle à barreaux ou encore parfois un arbre, avec ses branches et ses racines. Le Chaman est celui qui a la capacité de monter et descendre le long de ces différents niveaux de réalité, de rencontrer des entités des mondes supérieurs et inférieurs (des esprits, par exemple) et de ramener de son voyage conseils, soins et pouvoirs magiques.
Ainsi, pour effectuer un soin, le chamane entre d'abord dans un état de conscience modifié par le biais de transes et d'extases provoquées, par exemple, par des techniques de visualisation, des respirations spéciales, de la musique, de la danse ou l'utilisation de plantes psychoactives. Cet état est censé lui permettre d'accéder au monde non phénoménal. Il est souvent aidé par un ou plusieurs esprits alliés (animaux, plantes, objets ou même ancêtres) et doit alors faire face à la maladie de son patient, qui peut être visualisée sous la forme d'un monstre ou d'un mauvais esprit. Il utilise un ensemble de techniques choisies en fonction de sa situation et de sa culture, et qui peuvent aller de l'aspiration du mauvais esprit au don d'énergie... À la fin du processus, le patient est souvent censé avoir récupéré un morceau de son âme qui lui aurait été volé, ou avoir fait sortir hors de son corps un mauvais esprit.
Le chamanisme dans le monde
En Europe :
- En Corse peut être trouvé El Mazzeru. Le Mazzeru n'est pas toujours considéré comme faisant partie de ce monde à part entière. N'étant ni du monde des vivants, ni du monde des morts, il se situe plutôt à la limite de ces deux mondes. Il est également désigné, selon les régions, sous les noms de Culpadore, d'Acciacatore et bien sûr de Mazzeru. Ces trois termes sont formés à partir des verbes acciacà, culpà, amazzà, qui signifient « tuer » en frappant. Cette fonction de tuer provient de la capacité du Mazzeru à « chasser en rêves ». Lors du sommeil du Mazzeru son double spirituel va dans le monde des rêves participer a une partie de chasse, le Mazzeru tuant le premier animal (sauvage ou domestique) qu'il croise. En retournant la bête sur le dos, la tête de celle-ci se transformera en visage humain. Cet humain, connu du Mazzeru, est condamné à mourir entre trois jours et un an plus tard. Hommes et femmes peuvent être des Mazzeru, même si les femmes sont réputées être plus acharnées que les hommes dans leur façon de tuer.
On retrouve dans des phénomènes contemporains tels que la voyance par exemple des composantes similaires aux chamanismes primitifs. Les voyants, astrologues, tarologues, etc., jouent dans notre culture un rôle très similaire à ceux joué par les Chamans dans les cultures traditionnelles.
En 1983 les psychologues Aaron Barber et Dean Wilson ont mis en évidence l'existence de personnalités enclines à l'imaginaire (ce qu'ils ont nommé fantasy-prone personality en anglais), dont la prévalence serait de 3% dans la population générale, et qui auraient pour caractéristique de ne pas bien différencier son imaginaire de la réalité, sans que ce soit pour autant pathologique. En 1996, Joe Nickell à trouvé une forte prévalence de ce type de personnalité chez les personnes impliquées dans des expériences paranormales comme les enlèvements par des extraterrestres, les Sortie-Hors-du-Corps, les voyants, etc. On peut donc faire l'hypothèse (faute d'étude précises, il est impossible de conclure de manière définitive) que les Chamans des sociétés traditionnelles devaient avoir plus souvent que la moyenne cette personnalité et avoir tendance à projeter leur imaginaire à l'extérieur de leur psyché.
La Wicca est une religion néo-païenne popularisée à partir de 1939 par Gérald Gardner.
Cette religion est adaptable à chaque personnalité. On peut aussi bien être Wiccan monothéiste que polythéiste, même si cette dernière tendance caractérise mieux la religion. Les wiccans croient généralement en un Dieu et en une Déesse.
Les wiccans s'appuyent sur le principe de tolérance. Il faut vivre sa vie au jour le jour. Cette religion est un mouvement païen, sans dogmatisme, prônant le respect total de l'autre ainsi qu'une démarche de partage avec celui-ci.
Respect de la nature, art de vivre en harmonie avec son environnement, les wiccans se regrouppent dans des covens (lieux de réunions entre différent(e)s pratiquant(e)s). On constate que le mouvement devient "new age", à travers des séries (dont la plus célèbre qui s'y inspire : Charmed), mais également des films. L'approche d'une vie plus à l'écoute de la nature et de manière ritualisé attire.
Le Malleus Maleficarum (« Marteau des sorcières »), de Heinrich Kramer (alias Henri Institoris) et Jacques Sprenger, publié en 1486, est le traité qu'utilisaient les inquisiteurs pour identifier, confondre et persécuter les sorcières, ou plus précisément les femmes qu'il leur plaisait d'appeler ainsi.
Il s’agit pour la majeure partie du texte d’une codification de croyances préexistantes, souvent tirées de textes plus anciens comme le Directorium Inquisitorum de Nicolas Eymerich (1376), et le Formicarius de Johannes Nider (1435).
La première partie du livre traite de la nature de la sorcellerie. Une bonne partie de cette section explique pourquoi les femmes, à cause de leur faiblesse et de l’infériorité de leur intelligence seraient par nature prédisposées à céder aux tentations de Satan. Le titre même du livre présente le mot maleficarum (avec la voyelle de la terminaison au féminin) et les auteurs déclarent (de façon erronée) que le mot femina (femme) dérive de fe + minus (foi mineure). Le manuel soutient que certains des actes confessés par les sorcières, comme par exemple le fait de se transformer en animaux ou en monstres, ne sont qu’illusions suscitées par le Diable, tandis que d’autres actions, comme par exemple la possibilité de voler au sabbat, de provoquer des tempêtes ou de détruire les récoltes sont réellement possibles. Les auteurs insistent en outre de façon morbide sur l’aspect licencieux des rapports sexuels que les sorcières auraient avec les démons.
La seconde et dernière partie explique comment procéder à la capture, instruire le procès, organiser la détention et l’élimination des sorcières. Cette partie traite aussi de la confiance qu’on peut accorder ou non aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie où désir de vengeance ; les auteurs affirment toutefois que les indiscrétions et la rumeur publique sont suffisant à conduire une personne devant les tribunaux et qu’une défense trop véhémente d’un avocat prouve que celui-ci est ensorcelé. Le manuel donne des indications sur la manière d’éviter aux autorités d’être sujettes à la sorcellerie et rassurent le lecteur sur le fait que les juges, en tant que représentants de Dieu, sont immunisés contre le pouvoir des sorcières. Une grande partie est dédiée à l’illustration des techniques d’extorsion des confessions et à la pratique de la torture durant les interrogatoires : il est en particulier recommandé d’utiliser le fer rougi au feu pour le rasage du corps en son entier des accusées, afin de trouver la fameuse « marque du Diable », qui prouverait leur culpabilité.
Il faut distinguer le "sabbat des sorcières" du shabbat hébraïque. On a voulu y voir une relation en ce que durant le Moyen Âge les rites et usages juifs étaient méconnus et mal considérés. Certains textes chrétiens de démonologie définissent effectivement le sabbat la "synagogue des sorcières". Si un amalgame a été fait à cette époque, on ne sait toutefois déterminer avec exactitude l'origine de ce nom. Certains y voient le dérivé de Dionisio sabazius, d'autres de sabae (chèvre), d'autres encore, comme Margaret Murray y voient une origine dans le verbe esbattre, de racine commune aux langues romanes ; dans certains textes le sabbat est effectivement appelé esba. Shabbat dérive probablement étymologiquement du chiffre 7 et de l'importance qu'il a dans les mythologies égyptienne et babylonienne liées aux observations des astres. "Sabbat" est la déformation de ce terme ; il conviendrait davantage de parler d'"esba".
Selon la tradition, les contes, les légendes, il est célébré dans une clairière, une lande, à un carrefour, de nuit dans un endroit désert, près d’une source ou une fontaine, ou en quelque lieu offrant une particularité topographique tel qu’un sommet de colline, un rocher ou un amas de pierres, ou encore un lieu connu depuis la préhistoire comme un dolmen, ou simplement un grand arbre séculaire, toujours dans la nature et à son contact. Les cultes des religions païennes n’ont rien à voir avec le satanisme, c’est le christianisme qui voudra y voir le diable, qu’il assimilera à ce que les anthropologues appellent Dieu Cornu, divinité symbolisant la vie depuis les premières expériences religieuses des hommes et l’expression de la pensée magique au cours du paléolithique. Ce n’est qu’en 1303 de l’ère chrétienne, dans un document où l’évêque de Coventry sera accusé de sorcellerie que l’Église utilisera pour la première fois le terme de « Diable » à propos du Dieu Cornu.
Le cercle de pierre est la trace tangible laissé par les participants, dans lequel ils ont exécuté une danse rituelle. Celle-ci, dans le temps et l’espace, au paléolithique comme dans certaines sociétés traditionnelles contemporaines devaient sans doutes conduire les participants à un état proche de la transe de type chamanique. À partir du néolithique, avec la naissance de cultes liés à l’observation des astres et leur adoration en tant que divinités, la danse en cercle, un flambeau en main, fait sans doute son apparition, mais les deux types doivent coexister, selon les cérémonies liées aux périodes de l’année.
Le sabbat n’a pas particulièrement lieu le samedi mais plutôt à la veille des fêtes chrétiennes. Dans la tradition la plus proche des origines, il semble même qu’il ait eut lieu plutôt dans la nuit du jeudi au vendredi . Les solstices, les équinoxes, sont des dates importantes, comme le 2 février (correspondant à la chandeleur), le 1 er mai ou le 1 er novembre. Avec les débuts de l’agriculture se développent les cultes agraires liés à la fertilité qui perdureront durant toute l’antiquité et nous sont assez bien connus. Les fêtes en l’honneur de Dionysos, les Bacchanales (voir aussi : Bacchantes) sont en quelques sortes autant de prototypes antiques de ce que sera le sabbat, ou plutôt l' "esba", du Moyen Âge. L’on y arrive alors avant minuit pour partir à l’aube.
Ces fêtes païennes est antonyme à fête chrétienne.
Elle renvoie à toutes les célébrations qui rythmaient les saisons lors des temps antérieurs à l'évangélisation des peuples en Europe.
Certaines de ces fêtes étaient vouées à un dieu tutélaire lié ou non au passage du temps ou aux conditions métérologiques (les gaulois vénéraient Sucellos, dispensateur de richesse, protecteur de l'artisanat et de l'agriculture).
Elle est liée à la fin des grands travaux de récolte, et permet de célébrer dans l'opulence les greniers à nouveau remplis.
Samain (Samonios en gaulois) est une importante fête celtique puisqu'elle marque la fin d'un d'une année et le début de la nouvelle, ainsi que la fin de la saison claire et le début de la saison sombre. Elle dure une semaine pleine aux alentours du 1 er novembre sous l'administration sacrée des druides.
Célébration des forces vitales de la Nature incarnées par le Dieu cornu, symbolisé par le cerf ou autre animal à cornes tel le bouc ou le taureau, et dès les origines certainement personnifié par le chaman de la tribu s’ornant de ses attributs et portant donc un masque figurant l’animal, maître de la cérémonie, il s’agit d’un spectacle pourrait-on dire, où les participants sont les acteurs. Aussi la cérémonie se compose-t-elle d’un banquet où l’animal, de la préhistoire à l’antiquité, était sacrifié et consommé sur place par les participants. Des drogues extraites de plantes ayant un effet hallucinogène y étaient certainement consommées pour parvenir à la vision extatique durant la danse rituelle. En certains cas, chez les primitifs, une victime humaine, capturée dans une tribu ennemie, était probablement sacrifiée, d’où le cannibalisme parfois évoqué.
Au Moyen Âge, on y vient pour s’échanger les recettes de toute une pharmacopée traditionnelle, onguents, potions, confectionnés avec des simples où des organes d’animaux, y apprendre les incantations nécessaires au bon fonctionnement des remèdes, ceci pour ce qui est des réunions, plus particulièrement liées au « culte de Diane » hérité de l’antiquité, fréquentées par une société essentiellement féminine structurée selon des critères égalitaires et matriarcaux où le savoir se transmettait de mère en fille, de génération en génération, de sorcière « initiée » à « adepte » nouvelle recrue. Société de guérisseuses et de sages-femmes, le terme de « Belladone » désignant la plante médicinale est là pour en témoigner. Femmes habiles en quelqu’art, entreprenantes et vivant de leur commerce, fileuses, tisserandes s’y rendent, et la quenouille, le fuseau apparaissent dans les contes de fées des veillées. Leurs groupes forment alors sans aucuns doutes des réseaux solidaires.
À partir du moment où les grandes hérésies apparaissent, le sabbat et ses pratiques cultuelles païennes qu’on peut génériquement désigner par le terme de sorcellerie, qui étaient tolérée par le christianisme conquérant mais pas encore enraciné en profondeur dans cette société rurale (le christianisme ne s’y étant pas implanté du jour au lendemain et le nord de l’Europe et les pays slaves ne furent guère christianisés avant l’an mille), va être perçue comme une forme d’hérésie et combattue comme telle au fur et à mesure que les participants vont devenir plus nombreux.
Or ils vont le devenir, et le sabbat va drainer, du fond des campagnes, les déshérités de tous poils et de toutes origines, les mécontents et les malheureux, les « déçus de la religion officielle », par le biais du bouche-à-oreille. Il s’agit alors plutôt d’un festin où les drogues et la boisson ont certainement leur rôle (il suffit de penser au joli champignon rouge à pois blancs qu’est l’amanita muscaria, présent dans l’iconographie des fables). On vient dès lors au sabbat pour oublier des conditions de vie difficiles, pour manger à satiété et faire la fête. Et si le « Diable » y fait son apparition, masqué comme il se doit, pour y mener la danse, c’est bien souvent à un rebelle contre l’ordre établi qu’il fait penser. Dans les procès-verbaux des tribunaux de l’Inquisition, il est généralement décrit comme affable et débonnaire, et non pas comme un criminel sanguinaire.
Un des aspects du sabbat souvent évoqué, tant par la culture populaire que par l’Inquisition, est son caractère sexuel, explosion des sens. Dans une société sexophobe où, par tradition religieuse après la rupture avec la liberté sexuelle de l’antiquité qui n'était pas hantée par l'idée de péché, la chasteté est à l’ordre du jour et les interdits nombreux, le sabbat devient l’occasion de rapports sexuels et de relations libres. Indubitablement, cette liberté sexuelle évoquée et qualifiée d’orgiaque fait partie de cette fête comme dans tout rite de la fertilité et en toute occasion sociale dans un monde rural au moment des moissons, des vendanges, etc. Selon la nature et le caractère de ses participants, ces réunions peuvent évidemment avoir connu des dérives bestiales, parfois effectivement sataniques, et criminelles.
Le « culte de Diane » évoqué est également appelé de manière générique « Ancienne Religion » et correspond aujourd’hui au néo-paganisme et à ses formes variées comme le neo-druidisme, ainsi qu'à ce qu’on nomme la Wicca dans le monde anglo-saxon. Margaret Murray soutint que les adeptes du culte de Diane se réunirent de tous temps par groupe de 13 forment un coven.
Eyes Wide Shut, le dernier film de Stanley Kubrick, peut être considéré comme une représentation contemporaine d'un sabbat, mais il faut noter que le "maître de cérémonie" incarne davantage la puissance de l'argent, Mammon pourrait-on dire, puisque les spectateurs invités ne sont que d'aisés notables tandis que les jeunes femmes formant cercle ne sont autres que des prostituées, payées. Les participantes des sabbats antiques ne l'étaient pas où n'y participaient pas à ce titre, de sorte que la meilleure comparaison qu'on puisse faire de nos jours est davantage avec une manisfestation de type Woodstock, soit les rave-party d'aujourd'hui.